Propoxur : un insecticide très présent dans nos logements
Invisible à l’œil nu, le propoxur, un insecticide chimique longtemps utilisé dans les habitations et les locaux professionnels, continue de marquer son empreinte dans l’environnement intérieur. Bien que son usage ait été restreint, voire interdit dans de nombreux pays, il reste mesurable dans les poussières domestiques, exposant les occupants à des risques sanitaires avérés.

Qu’est-ce que le propoxur ?
Le propoxur, aussi connu sous le nom de Baygon, est un insecticide de la famille des carbamate développé dans les années 1950. Il agit par contact et ingestion, en inhibant la cholinestérase, une enzyme essentielle au bon fonctionnement du système nerveux des insectes… mais aussi des humains.
Sa forte efficacité contre les cafards, fourmis, puces, punaises de lit et autres insectes rampants en a fait un produit de choix pour les traitements domestiques, notamment dans les logements collectifs, les hôtels et même certaines structures scolaires jusqu’aux années 2000.
Présence du propoxur dans l’environnement intérieur
Malgré l’interdiction ou la restriction de son usage dans de nombreux pays européens, le propoxur est encore détecté dans les logements, écoles et bureaux, notamment dans la poussière domestique où il peut persister de nombreuses années après son application. Les résidus sont particulièrement concentrés dans :
- Les plinthes, sols et moquettes, qui conservent les dépôts pulvérisés.
- Les greniers, caves et recoins peu aérés.
- Les meubles anciens traités avec l’insecticide.
- Les résidences proches de zones agricoles (en raison de l’utilisation extérieure passée).
Quels sont les effets sur la santé du Propoxur ?
Comme tous les carbamates, le propoxur agit sur le système nerveux. L’exposition, même à de faibles doses et par voie inhalée ou cutanée, peut avoir des effets délétères, en particulier pour les enfants, les personnes âgées et les femmes enceintes.
Quels sont les effets sanitaires documentés :
- Troubles neurologiques : maux de tête, confusion, vertiges.
- Nausées, vomissements, troubles respiratoires.
- Irritations cutanées et oculaires.
- Perturbation du développement cérébral chez l’enfant (système cholinergique).
À noter que son effet inhibiteur de la cholinestérase le rend particulièrement préoccupant pour le développement cérébral des jeunes enfants.
Pourquoi le propoxur est-il encore présent ?
Le propoxur, bien que interdit en usage agricole en France depuis 2003, a été largement utilisé auparavant, et ses résidus restent piégés dans les matériaux. Son caractère semi-volatile lui permet de passer en phase gazeuse et de se fixer aux particules de poussière, participant à une pollution chronique de l’air intérieur.
De plus, certains produits illégaux ou importés peuvent encore en contenir.
Comment réduire son exposition au propoxur ?
Il est possible de réduire significativement l’exposition au propoxur par une série de bonnes pratiques simples et efficaces :
Entretien régulier :
- Aspirer avec un aspirateur équipé de filtre HEPA, au moins une fois par semaine.
- Nettoyer à l’eau humide les sols et surfaces pour capter les poussières résiduelles.
- Éviter les moquettes et tapis anciens qui emprisonnent les résidus.
Améliorer la ventilation :
- Aérer quotidiennement les pièces au moins 10 minutes, en dehors des pics de pollution extérieure.
- Vérifier et entretenir régulièrement les systèmes de ventilation (VMC).
Traiter l’air intérieur :
- Utiliser un purificateur d’air équipé de filtres HEPA pour les particules fines, et de charbon actif pour les composés semi-volatils comme le propoxur.
Précaution d’achat :
- Éviter l’achat de produits insecticides douteux ou non homologués, souvent vendus en ligne.
- Privilégier les solutions non chimiques : pièges, filets, étanchéité des fissures, etc.
Vers une réglementation plus stricte ?
L’Union européenne a classé le propoxur comme substance préoccupante et interdit son usage agricole depuis plusieurs années. Cependant, aucune réglementation spécifique n’encadre actuellement sa présence dans l’air intérieur ou les poussières domestiques. Des campagnes de mesures, à l’échelle nationale ou locale, pourraient permettre d’identifier les logements à risque.
En conclusions, le propoxur est un insecticide persistant qui continue d’impacter la qualité de l’air intérieur de nombreux logements français. Sa toxicité neurologique, combinée à sa présence durable dans les poussières, en fait un polluant domestique à ne pas négliger, surtout pour les populations sensibles.
L’adoption de bonnes pratiques d’entretien, de ventilation et de purification de l’air constitue une stratégie réaliste et économique pour se protéger. Mieux vaut prévenir que guérir !
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