Produits ménagers : Quand le propre devient source de pollution intérieure
Ils parfument, désinfectent, dégraissent, font briller… et pourtant, ils polluent. Les produits ménagers, qu’ils soient en spray, liquide ou lingette, font partie de notre quotidien. Mais derrière leurs promesses d’hygiène et de fraîcheur se cache une réalité moins reluisante : ces produits sont une source majeure de pollution de l’air intérieur.

Des substances chimiques issues des désinfectants, solvants, tensioactifs et parfums de synthèse se diffusent dans l’air et peuvent altérer la santé, en particulier dans les logements peu ventilés.
Les compositions chimiques complexes des produits ménagers
Les produits ménagers contiennent souvent plusieurs dizaines de substances chimiques, dont certaines sont toxiques, irritantes ou persistantes.
Parmi les familles les plus courantes, on trouve :
Les désinfectants et biocides
Utilisés pour tuer les bactéries, virus et moisissures, les produits ménagers peuvent contenir notamment :
- Formaldéhyde, un composé cancérogène avéré (CIRC groupe 1), parfois présent comme conservateur ou produit de dégradation d’autres substances.
- Ammoniums quaternaires, irritants pour les voies respiratoires et la peau.
- Chlore, peroxyde d’hydrogène, acide peracétique, dont les vapeurs sont corrosives pour les muqueuses.
Ces composés, conçus pour « désinfecter », sont des composés organiques volatils (COV) et des composés organiques semi-volatils (COSV) qui s’accumulent dans l’air intérieur.
Les tensioactifs
Ce sont les molécules « détergentes » qui permettent de décoller la saleté. On distingue :
- Tensioactifs anioniques (sodium laureth sulfate, alkylbenzène sulfonates) — irritants cutanés et respiratoires.
- Tensioactifs non ioniques (alcool éthoxylé, cocamide DEA) — susceptibles de libérer du formaldéhyde.
- Certains sont peu biodégradables et contribuent à la pollution de l’air et des eaux.
Les solvants : éthers de glycol et acétates d’éthers de glycol
Très utilisés pour dissoudre les graisses, peindre ou décaper :
- 2-butoxyéthanol, éthylène glycol, acétate d’éther de glycol : substances volatiles facilement inhalées.
- Parmi les effets sanitaires documentés : irritations respiratoires, maux de tête, troubles neurologiques, voire atteintes hépatiques et rénales en cas d’exposition prolongée.
- Certains éthers de glycol sont toxiques pour la reproduction.
Les parfums et produits odorants
Les fabricants ajoutent souvent des molécules parfumées pour donner une « sensation de propre ».
Parmi elles :
- Terpènes (limonène, pinène, linalol) : présents dans les huiles essentielles, mais réagissent avec l’ozone pour produire du formaldéhyde et des particules secondaires.
- Muscs polycycliques : fixateurs de parfum persistants dans les tissus, soupçonnés d’être perturbateurs endocriniens.
- COV aromatiques : contribuent aux allergies et à la pollution photochimique.
Résultat : un air « frais » en apparence, mais souvent saturé de composés irritants et potentiellement toxiques.
Les effets sanitaires multiples des produits ménagers
L’exposition répétée aux substances odorantes présentes dans les produits ménagers peut provoquer :
- Irritations des voies respiratoires et des yeux,
- Crises d’asthme et allergies,
- Maux de tête, vertiges, troubles de la concentration,
- À long terme, un risque accru de cancers, de troubles hormonaux et de maladies chroniques respiratoires.
Une étude européenne (Eur Respir J, 2018) a montré que les personnes utilisant fréquemment des produits en spray pour le ménage présentaient une dégradation de la fonction respiratoire équivalente à celle d’un fumeur régulier.
Les enfants, femmes enceintes et personnes âgées sont particulièrement sensibles à ces polluants intérieurs.
Pourquoi l’utilisation de produits ménager pollue durablement l’air intérieur ?
Avec l’isolation, les logements modernes sont très étanches pour des raisons énergétiques, souvent peu ventilés. Résultat : les polluants émis par les produits ménagers s’y accumulent.
Les activités quotidiennes (nettoyage, désinfection, lessive, parfums d’ambiance) deviennent alors une source continue de COV et de particules fines.
Et contrairement à l’air extérieur, il n’existe pas de norme pour l’air intérieur concernant ces substances.
Quels produits ménagers alternatifs plus sains et économiques ?
La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de nettoyer efficacement sans polluer :
Des recommandations simples :
- Limiter l’usage des désinfectants : un nettoyage régulier à l’eau chaude et au savon suffit dans la majorité des cas.
- Aérer systématiquement pendant et après le ménage.
- Éviter les sprays (désodorisants, nettoyants multi-usages), sources importantes de COV.
- Lire les étiquettes et éviter les produits contenant formaldéhyde, éthers de glycol, ammoniums quaternaires ou parfums synthétiques.
Des solutions alternatives :
- Vinaigre blanc : détartrant et désinfectant naturel.
- Bicarbonate de soude : abrasif doux et désodorisant.
- Savon noir ou de Marseille : dégraissant universel et biodégradable.
- Citron et huiles essentielles (avec prudence) : pour parfumer naturellement, en quantité modérée.
Ces produits sont non seulement moins polluants, mais aussi beaucoup plus économiques.
En conclusions, faire le ménage, c’est aussi prendre soin de sa santé… à condition de savoir ce que l’on utilise. Les produits ménagers conventionnels, bien qu’efficaces, libèrent dans l’air intérieur des substances chimiques toxiques — désinfectants, solvants, parfums artificiels — qui dégradent la qualité de l’air et augmentent notre exposition à des polluants chroniques.
En optant pour des formules simples et naturelles, on peut réduire la pollution de l’air intérieur, protéger sa santé et aussi faire un geste concret pour l’environnement.
Parce qu’un air sain commence souvent… par un ménage plus sobre.
Crédit photo de Osarugue Igbinoba sur Unsplash