Les polluants cancérogènes dans l’air intérieur
Nous passons en moyenne plus de 80 % de notre temps dans des espaces clos : logements, bureaux, écoles… Si l’air extérieur est souvent pointé du doigt pour sa pollution, l’air intérieur peut être jusqu’à 8 fois plus pollué, selon l’ADEME. Et parmi les substances présentes, plusieurs sont classées cancérogènes par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) ou l’ANSES.

Ces polluants invisibles proviennent de nos habitudes domestiques, matériaux de construction, produits ménagers ou mobiliers, et leur exposition chronique augmente le risque de développer divers cancers (poumon, foie, vessie, leucémie…).
Quelles sont les principales familles de cancérogènes dans l’air intérieur ?
Les polluants responsables de cancer dans l’environnement intérieur se regroupent en trois grandes catégories :
- Les composés organiques volatils (COV),
- Les composés organiques semi-volatils (COSV),
- Les métaux lourds et particules fines.
Les composés organiques volatils (COV) cancérogènes
Les COV sont des molécules légères et volatiles qui s’évaporent facilement à température ambiante. Leur origine est multiple : colles, peintures, vernis, encens, produits d’entretien, désodorisants, etc.
Le Formaldéhyde
- Classification : Cancérogène avéré (CIRC groupe 1).
- Sources : colles à base d’urée-formol, panneaux de particules, meubles neufs, textiles traités, désinfectants.
- Effets : irritations, asthme, cancers des voies respiratoires et du nasopharynx.
Le Benzène
- Classification : Cancérogène avéré (CIRC groupe 1).
- Sources : fumée de tabac, carburants, solvants, appareils de combustion mal ventilés (chauffage au gaz, cheminée).
- Effets : leucémies, lymphomes, altérations de la moelle osseuse.
Le Toluène, xylène et styrène
- Classification : Cancérogènes suspectés (CIRC groupe 2B).
- Sources : peintures, vernis, encres, colles, solvants, matériaux synthétiques.
- Effets : troubles neurologiques, irritations et potentiels effets sur le foie et le système immunitaire.
Les composés organiques semi-volatils (COSV) cancérogènes
Moins connus que les COV, les COSV, moins volatils, s’accumulent dans les poussières, les tissus et les surfaces. Leur toxicité est amplifiée par leur persistance dans l’environnement intérieur.
Les Phtalates
- Classification : Cancérogènes suspectés et perturbateurs endocriniens.
- Sources : plastiques souples (PVC, jouets, revêtements de sol, câbles électriques).
- Effets : perturbation hormonale, atteintes testiculaires, risques accrus de cancers hormonodépendants (sein, prostate).
Retardateurs de flamme chlorés (PCB) et bromés (PBDE, HBCD)
- Classification : Cancérogènes suspectés, perturbateurs endocriniens.
- Sources : mousses de canapé, tissus d’ameublement, appareils électroniques.
- Effets : perturbations hormonales, altérations du système nerveux, potentiels cancers du foie.
Les pesticides domestiques (biocides) et agricoles
- Classification : Plusieurs insecticides sont cancérogènes probables (malathion, perméthrine, lindane).
- Sources : traitements du bois, antiparasitaires, insecticides ménagers. L’agriculture est responsable d’une pollution de l’air intérieur importante et persistance pour les riverains de cultures traitées.
- Effets : troubles neurologiques, cancers du sang, dérèglements endocriniens.
Les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP)
- Exemples : benzo[a]pyrène.
- Sources : combustion incomplète (bougies, encens, tabac, cuisson au gaz). Les résidus de combustion après un incendies produisent une pollution très importante de l’air intérieur.
- Effets : cancérogènes reconnus, notamment pour les cancers du poumon et de la peau.
Les métaux lourds et particules fines
Le Plomb
- Classification : Cancérogène probable (CIRC 2A).
- Sources : anciennes peintures, poussières issues de rénovations, canalisations anciennes.
- Effets : atteintes neurologiques, hématologiques et cancérigènes.
Le Cadmium
- Classification : Cancérogène avéré (CIRC groupe 1).
- Sources : fumée de tabac, pigments, batteries, poussières contaminées.
- Effets : cancers du poumon et de la prostate, troubles rénaux.
L’Arsenic
- Classification : Cancérogène avéré (CIRC groupe 1).
- Sources : combustion de charbon, cendres, bois traités, poussières extérieures.
- Effets : cancers de la peau, du poumon, de la vessie.
Les particules fines (PM10 et PM2,5) peuvent transporter ces métaux et COSV, augmentant ainsi leur pénétration dans les voies respiratoires profondes.
L’effet cocktail : un risque sous-estimé
Dans un logement, ces polluants ne se rencontrent pas isolément. Ils s’associent et interagissent, créant un effet cocktail dont les impacts sur la santé restent encore mal évalués, mais clairement préoccupants.
Ainsi, même à faibles concentrations, la combinaison de plusieurs cancérogènes peut amplifier les effets toxiques sur l’ADN et favoriser la carcinogenèse.
Comment limiter la présence de ces polluants cancérogènes dans l’air intérieur ?
Aérer quotidiennement
Ouvrir les fenêtres 10 minutes matin et soir pour renouveler l’air et diluer les COV.
Les purificateurs à filtres HEPA + charbon actif peuvent également piéger les particules de poussière et les COV.
Limiter les sources des polluants cancérogènes
- Éviter les produits contenant du formaldéhyde (meubles en aggloméré, panneaux MDF).
- Choisir des peintures, colles et vernis à faible émission de COV (labels A+ ou Écolabel).
- Ne pas fumer à l’intérieur.
- Éviter les bougies, encens et désodorisants parfumés.
Entretenir et dépoussiérer régulièrement
Les poussières accumulent COSV et métaux lourds. Un dépoussiérage humide limite leur remise en suspension.
Privilégier des matériaux naturels sans substance cancérogène
Bois massif non traité, textiles en coton ou lin, mobilier sans solvants : des choix simples réduisent la charge chimique du logement.
En conclusion, la pollution de l’air intérieur est une cause silencieuse mais réelle de cancers.
Formaldéhyde, benzène, phtalates, retardateurs de flamme, métaux lourds… Ces polluants invisibles s’accumulent dans nos logements, créant une exposition chronique aux effets parfois irréversibles.
Agir pour un air plus sain n’est pas qu’un geste écologique : c’est un acte de prévention contre le cancer. Aérer, choisir des produits étiquetés, limiter les sources de COV et de COSV… autant de gestes simples, accessibles et efficaces pour protéger notre santé à long terme.
Liens institutionnels: IARC – INTERNATIONAL AGENCY FOR RESEARCH ON CANCER, Accueil | Anses – Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail
Crédit photo de National Cancer Institute sur Unsplash