Le lindane dans l’environnement intérieur : un polluant persistant et toxique

Le lindane, insecticide autrefois largement utilisé, notamment pour le traitement des bois de charpentes, persiste encore dans nos logements malgré son interdiction. Présent dans les poussières domestiques, il constitue un risque sanitaire important pour les occupants.

Poutres traitées avec du lindane

Qu’est-ce que le lindane et pourquoi a-t-il été interdit ?

Le lindane ou gamma-HCH (Hexa-Chlorocyclo-Hexane) est un insecticide organochloré qui a été largement utilisé au cours du XXe siècle pour ses propriétés antiparasitaires. Il appartient à la famille des organo-chlorés (substance chimique qui contient un ou plusieurs atomes de chlore) et a longtemps été employé dans l’agriculture, l’industrie et même la médecine humaine contre les poux et la gale.

Cependant, en raison de sa toxicité et de son impact environnemental, son usage a progressivement été restreint avant d’être interdit dans de nombreux pays, dont la France et l’Union européenne. En 2009, il a été inscrit à la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (POP), ce qui a entraîné son interdiction définitive à l’échelle mondiale, sauf pour des usages très spécifiques et strictement encadrés.

Les principales utilisations du lindane avant son interdiction

Avant son interdiction, le lindane était employé dans plusieurs domaines :

  • Traitement du bois et des charpentes : il servait à protéger les structures contre les insectes xylophages comme les termites et les capricornes.
  • Produits vétérinaires et médicaux : utilisé sous forme de lotions ou de shampoings pour traiter les infestations de poux et de gale chez l’homme et les animaux.
  • Agriculture : application sur certaines cultures pour éliminer les parasites des sols.
  • Insecticides domestiques : présent dans certains traitements anti-fourmis, anti-cafards et anti-mites.

Le lindane, un polluant organique persistant

Le lindane est classé comme un polluant organique persistant (POP) en raison de sa stabilité chimique et de sa capacité à s’accumuler dans l’environnement. Il est peu biodégradable et peut rester présent dans les sols, l’eau et l’air pendant des décennies.

Son caractère lipophile favorise sa bioaccumulation dans les tissus graisseux des êtres vivants, ce qui pose un risque sanitaire et environnemental important.

Son omniprésence dans l’environnement intérieur des logements

Malgré son interdiction, le lindane reste un contaminant majeur et préoccupant dans l’environnement intérieur des logements. Il est principalement retrouvé dans :

  • Les poussières domestiques, qui accumulent les résidus de traitements anciens.
  • Les charpentes et boiseries traitées, où le produit peut encore être présent plusieurs décennies après son application.
  • Les anciens revêtements et mobiliers en bois, traités avec des insecticides contenant du lindane.
  • L’air intérieur, via l’évaporation lente des résidus présents dans les matériaux traités et contaminés.

Le lindane est un Composé Organique Semi-Volatil (COSV) particulièrement présent dans les poussières domestiques.

La toxicité du lindane pour l’homme

L’exposition au lindane peut avoir des effets graves sur la santé. Il est classé comme cancérogène probable (groupe 2A) par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) et peut provoquer divers troubles :

  • Effets neurologiques : maux de tête, vertiges, convulsions et troubles du système nerveux central en cas d’exposition aiguë.
  • Perturbations endocriniennes : il interfère avec le fonctionnement hormonal, notamment en mimant l’action des œstrogènes. Cette toxicité dès les faibles doses est particulièrement préoccupante pour la femme enceinte et les enfants en bas âge.
  • Effets hépatiques et rénaux : des expositions chroniques peuvent entraîner des atteintes du foie et des reins.
  • Risque de cancer : des études épidémiologiques suggèrent un lien entre l’exposition au lindane et certaines formes de cancers, notamment les lymphomes non hodgkiniens.

L’agence Européenne pour les produits chimiques (ECHA) indique que cette substance est toxique en cas d’ingestion, très toxique pour la vie aquatique, très toxique pour la vie aquatique avec des effets durables, nocive par contact avec la peau, nocive par inhalation, peut être nocive pour les enfants nourris au sein et peut endommager des organes à la suite d’une exposition prolongée ou répétée.

Seules solutions: Eliminer les sources et purifier l’air intérieur

Pour limiter l’exposition au lindane dans l’environnement intérieur, plusieurs actions peuvent être mises en place :

  • Identifier les sources potentielles : faire réaliser un diagnostic environnemental pour repérer la présence de lindane dans les boiseries et les poussières domestiques.
  • Enlever ou encapsuler les matériaux contaminés : en cas de contamination avérée, les bois traités doivent être remplacés ou recouverts de revêtements hermétiques.
  • Aérer régulièrement les espaces intérieurs : pour réduire la concentration en polluants volatils.
  • Utiliser des purificateurs d’air adaptés : équipés de filtres à charbon actif et HEPA pour capturer ce polluant et limiter l’exposition quotidienne au lindane.
  • Nettoyer fréquemment les surfaces et les textiles : un entretien régulier avec des aspirateurs équipés d’une filtration HEPA permet d’éliminer une partie des poussières chargées en résidus de lindane.

Bien que le lindane soit interdit depuis plusieurs années, sa présence dans l’environnement intérieur demeure un problème préoccupant en raison de sa persistance et de sa toxicité. Une bonne connaissance des sources potentielles et l’adoption de mesures préventives sont essentielles pour limiter l’exposition et protéger la santé des occupants.

Sources : Lindane – ECHA, Lindane – Wikipédia, Lindane – Fiche toxicologique – INRS

Crédit photo Photo de Alisha Hieb sur Unsplash