DDT : Un insecticide persistant interdit mais encore présents dans nos logements
Le DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane) est un insecticide organochloré qui a marqué l’histoire de la lutte contre les maladies vectorielles comme le paludisme ou la typhoïde. Mis au point dans les années 1930 et largement utilisé à partir des années 1940, le DDT a été salué pour son efficacité redoutable contre les moustiques, les poux, les puces ou encore les punaises.

Cependant, dès les années 1960, des alertes ont été lancées concernant son impact écologique et sanitaire, notamment dans le livre Printemps silencieux de Rachel Carson. Dans les décennies suivantes, les études se sont multipliées pour révéler une réalité inquiétante : le DDT est un polluant organique persistant (POP), bioaccumulable, toxique, et il contamine durablement les milieux naturels et l’air intérieur.
Le DDT ne disparaît pas : Dégradation et Persistance
Le DDT est très stable chimiquement, ce qui explique son efficacité prolongée… mais aussi sa dangerosité. Il se dégrade lentement en deux principaux composés :
- DDE (dichlorodiphényldichloroéthylène)
- DDD (dichlorodiphényldichloroéthane)
Ces produits de dégradation sont eux aussi très persistants et toxiques. On les retrouve encore aujourd’hui dans les sols, les graisses animales, les sédiments aquatiques… mais aussi dans l’environnement intérieur des logements, parfois plus de 40 ans après l’arrêt de l’usage du DDT.
Une interdiction du DDT tardive mais nécessaire
En France, le DDT a été interdit en 1972 pour les usages agricoles et en 1998 pour les derniers usages sanitaires. Son interdiction mondiale est formalisée dans la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (2001), à laquelle la France est partie.
Les raisons de cette interdiction sont multiples :
- Bioaccumulation dans la chaîne alimentaire
- Perturbation hormonale, en particulier des œstrogènes
- Cancérogénicité probable (classé en groupe 2A par le CIRC)
- Toxicité pour la reproduction et le développement embryonnaire
- Effets écotoxiques, notamment sur les oiseaux
DDT et DDE dans l’air intérieur : d’où viennent-ils ?
Malgré son interdiction, le DDT est encore fréquemment détecté dans les poussières domestiques et les revêtements muraux de logements anciens. Les sources principales sont :
- Traitements anciens du bois (charpentes, meubles)
- Résidus dans les sols remaniés ou rapportés (jardins proches de logements)
- Poussières rapportées de l’extérieur via les chaussures, les animaux ou les vêtements
- Mobilier ancien (particulièrement dans les logements construits avant 1980)
- Contamination persistante des matériaux de construction
Le DDE, produit de dégradation du DDT, est relargué lentement depuis les matériaux contaminés dans l’air ambiant. Les enfants sont particulièrement exposés via l’ingestion de poussières et le contact main-bouche.
Quels sont les effets sur la santé humaine du DDT et du DDE
Les effets du DDT et du DDE sur la santé sont aujourd’hui bien documentés :
- Perturbations endocriniennes : le DDT mime les hormones sexuelles féminines, ce qui peut provoquer des troubles hormonaux, pubertaires ou de fertilité.
- Cancérogénicité : des liens ont été établis entre exposition prénatale au DDT et cancer du sein à l’âge adulte.
- Neurotoxicité : effets possibles sur le développement cognitif des enfants
- Toxicité pour le foie et le système immunitaire
Ces substances sont particulièrement préoccupantes chez les femmes enceintes, les nourrissons et les jeunes enfants, plus sensibles aux effets des faibles doses pendant les phases critiques du développement.
Comment réduire son exposition aux DDT et DDE ?
Même si le DDT n’est plus utilisé, sa persistance impose des mesures de précaution dans l’habitat, notamment pour les logements anciens :
Identifier les sources possibles
- Traitements anciens du bois ?
- Meubles ou charpentes d’avant 1980 ?
- Sols rapportés ou issus d’anciens terrains agricoles ?
Limiter les poussières
- Utiliser un aspirateur avec filtre HEPA
- Nettoyer les surfaces avec un chiffon humide
- Laver régulièrement les mains, surtout chez les enfants
Améliorer la ventilation
- Aérer quotidiennement
- Entretenir les systèmes d’aération
Purifier l’air intérieur
- Installer un purificateur d’air combinant filtre HEPA et charbon actif, permettant de capter les particules contaminées et d’absorber certains polluants organiques.
En conclusion, le DDT est l’exemple emblématique d’un pesticide à effet boomerang : utilisé pour protéger, il s’est avéré nocif à long terme, notamment dans nos logements. Bien que son usage soit interdit depuis plusieurs décennies, ses résidus restent présents dans l’air intérieur, exposant les habitants, en particulier les enfants, à des risques sanitaires évitables.
Surveiller la qualité de l’air intérieur et adopter des pratiques de nettoyage et de purification efficaces permet de réduire l’exposition à ces polluants venus du passé.
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