Cyperméthrine dans l’air intérieur : un insecticide discret mais préoccupant
La pollution de l’air intérieur d’un logement est la conséquence de la présence de substances polluantes. Parmi les substances nocives pour la santé des occupants, la présence de pesticides est particulièrement préoccupante. La cyperméthrine est un insecticide fréquemment présent dans les habitations.

Qu’est-ce que la cyperméthrine ?
La cyperméthrine est un insecticide chimique de synthèse appartenant à la famille des pyréthrinoïdes, largement utilisés en agriculture, en hygiène domestique et dans les produits antiparasitaires. Elle a été développée pour imiter les propriétés insecticides naturelles des pyréthrines extraites de certaines fleurs (comme les chrysanthèmes), mais avec une efficacité renforcée et une persistance accrue.
La cyperméthrine agit en perturbant le fonctionnement du système nerveux chez les insectes, provoquant paralysie et mort. Elle est très efficace à faibles doses, stable à la lumière et à la chaleur, et reste active plusieurs semaines, ce qui en fait un insecticide courant dans l’environnement intérieur.
Une contamination silencieuse et persistante de l’environnement intérieur
Dans les logements, la cyperméthrine est principalement introduite via l’usage de produits insecticides : sprays contre les moustiques, diffuseurs électriques, produits pour traiter les textiles, les moquettes, les matériaux en bois et les charpentes.
Une fois appliquée, elle ne reste pas uniquement dans l’air : elle se dépose rapidement sur les surfaces puis s’accumule dans les poussières domestiques, qui deviennent de véritables réservoirs à polluants. Cela rend possible une exposition chronique par :
- Inhalation de particules remises en suspension.
- Contact cutané, surtout chez les enfants qui rampent ou jouent au sol.
- Ingestion indirecte (mains à la bouche, aliments tombés au sol, etc.).
Quels sont les effets de la cyperméthrine sur la santé ?
Bien qu’elle soit moins toxique que certains anciens insecticides (comme les organophosphorés), la cyperméthrine n’est pas sans risque, surtout dans un contexte d’exposition chronique à de faibles doses.
Chez l’adulte :
- Irritations des voies respiratoires et des yeux.
- Maux de tête, vertiges, picotements cutanés.
- Troubles de l’humeur ou du sommeil dans certains cas.
Chez l’enfant (population vulnérable) :
- Risques accrus liés à leur métabolisme encore immature.
- Études suspectant un effet neurotoxique à long terme (développement cognitif, troubles du comportement).
- Possibles effets perturbateurs endocriniens (encore en cours d’étude).
L’exposition des femmes enceintes est également préoccupantes étant donné que la cypermethrine peut passer la barrière placentaire. En conséquence, l’embryon et le fœtus peuvent être exposés avec des conséquences sur leur développement.
Il est important de noter que la cypermethrine est moins toxique que les insecticides organophosphorés (qui contiennent du phosphore) ou organochlorés (qui contiennent du chlore) d’anciennes générations. Cependant, l’ajout de piperonyl butoxyde dans les formulations disponibles dans le commerce permet de multiplier la toxicité de la cyperméthrine d’un facteur 100 à 1000. Grâce à cet « effet cocktail », le mélange cyperméthrine-piperonyl butoxyde est aussi toxique que les insecticides aujourd’hui interdits en raison de leurs risques pour la santé.
Quelles sont les principales sources de cyperméthrine dans les logements ?
Selon les études, la cyperméthrine est retrouvée dans 30 à 70 % des poussières de logements étudiés, notamment ceux traités contre les insectes. Les quantités mesurés sont variables et peuvent atteindre 3000 ng/g (nanogramme de cyperméthrine par gramme de poussière).
La cyperméthrine est présente dans de nombreux produits domestiques courants :
- Sprays anti-insectes (mouches, moustiques, cafards, fourmis…).
- Aérosols désodorisants et insecticides combinés.
- Diffuseurs électriques ou spirales imprégnées.
- Produits textiles anti-acariens ou antimites.
- Traitements contre les punaises de lit, très courants ces dernières années.
- Insecticides de jardin utilisés près des ouvertures ou ramenés via les chaussures.
- Produits de traitement du bois.
Par ailleurs, les matériaux et mobiliers en bois achetés dans le commerce sont souvent traités avec des insecticides et des fongicides, cependant les consommateurs ne sont pas informés de ces traitements.
Comment réduire l’exposition à la cyperméthrine dans son logement ?
Voici quelques mesures simples et efficaces à mettre en œuvre :
- Limiter au maximum l’usage d’insecticides chimiques à l’intérieur, surtout en présence d’enfants.
- Aérer régulièrement les pièces, même en été, pour évacuer les composés volatils.
- Privilégier les solutions mécaniques ou naturelles : moustiquaires, huiles essentielles (avec prudence), pièges à insectes.
- Passer l’aspirateur avec filtre HEPA pour éliminer les poussières chargées en résidus chimiques.
- Utiliser un purificateur d’air combinant filtration HEPA (particules) et charbon actif (COV, insecticides).
- Lire les étiquettes et éviter les produits contenant « perméthrine« , « cyperméthrine », « pyréthrinoïdes ».
Et la réglementation ?
La cyperméthrine est autorisée en Europe, mais soumise à des conditions strictes d’usage, notamment en matière de concentration, de signalétique de danger, et de précautions d’emploi.
Cependant, il n’existe pas encore de seuil réglementaire pour sa concentration dans l’air intérieur, ce qui rend d’autant plus nécessaire la vigilance des utilisateurs et le recours à des bonnes pratiques.
En conclusion, la cyperméthrine est un insecticide courant, discret mais persistant qui se retrouve dans l’air et les poussières des logements traités. L’exposition chronique des occupants peut affecter la santé, en particulier celle des enfants.
Des gestes simples et des solutions techniques permettent de réduire efficacement l’exposition à cette molécule.
Crédit photo de National Institute of Allergy and Infectious Diseases sur Unsplash