Capteurs de qualité de l’air intérieur : surveiller pour mieux respirer
Nous passons plus de 80 % de notre temps dans des environnements clos, et pourtant, l’air que nous y respirons est souvent plus pollué qu’à l’extérieur. Face à cette réalité, les capteurs de qualité de l’air intérieur (QAI) deviennent des alliés précieux pour détecter les polluants invisibles et agir en conséquence. Mais de quoi parle-t-on exactement ? Quels paramètres mesurent-ils, avec quelle fiabilité, et comment bien les choisir ?

Que sont les capteurs de qualité de l’air intérieur ?
Les capteurs de qualité de l’air intérieur sont des dispositifs électroniques capable de mesurer en continu différents paramètres de composition de l’air ambiant. Ils peuvent être utilisés dans les habitations, les bureaux, les écoles, les crèches, les hôpitaux ou les établissements recevant du public (ERP) pour surveiller la pollution de l’air intérieur en temps réel.
Ces capteurs, connectés à une application mobile ou à un tableau de bord en ligne, permettent d’alerter les occupants en cas de dépassement de seuils critiques et d’adopter des gestes correctifs immédiats : aération, arrêt d’un appareil polluant, utilisation d’un purificateur, etc.
Quels sont les paramètres les plus courants mesurés par les capteurs de qualité de l’air intérieur ?
Les capteurs de qualité de l’air intérieur les plus performants mesurent une combinaison de paramètres physiques, chimiques et environnementaux, parmi lesquels :
Température et humidité relative
- Pourquoi les mesurer ? Ces deux paramètres influencent le confort thermique, la prolifération des moisissures et la concentration des polluants (notamment le formaldéhyde, plus volatil à température élevée).
- Valeurs recommandées : 18–22°C pour les pièces à vivre, humidité comprise entre 40–60 %.
Composés Organiques Volatils (COV)
- Origines : colles, peintures, meubles en aggloméré, produits ménagers, bougies, parfums d’intérieur.
- Effets : maux de tête, irritation, effets chroniques selon les composés (formaldéhyde, benzène…).
- Remarque : Les capteurs mesurent souvent les COV totaux (TVOC), sans différencier les substances.
Particules fines (PM1, PM2.5, PM10)
- Origines : l’environnement extérieur, les systèmes de combustion (chauffage, cuisson), fumée de tabac, encens, poussières en suspension.
- Effets : troubles respiratoires, cardiovasculaires, cancérigènes selon la taille et la concentration.
- PM2.5 est le marqueur principal à surveiller dans les environnements clos.
Dioxyde d’azote (NO₂)
- Origines : pollution extérieure (trafic routier), combustion (gazinière, chaudière).
- Effets : irritations pulmonaires, exacerbation de l’asthme.
- Capteurs NO₂ fiables sont rares et souvent coûteux.
Dioxyde de carbone (CO₂)
- Origines : respiration humaine principalement, extérieure (trafic routier), combustion des matériaux, bougies, encens …
- Effets : en excès, il entraîne fatigue, baisse de concentration, maux de tête.
- Indicateur de confinement : il révèle le besoin de ventilation (seuil >1000 ppm = aérer).
Quels sont les avantages des capteurs de qualité de l’air intérieur ?
- Surveillance en continu : permet d’agir au bon moment (ex. : aérer au pic de CO₂).
- Sensibilisation : donne une prise de conscience immédiate de la pollution invisible.
- Accessibilité : les modèles grand public sont devenus abordables et faciles à utiliser.
- Connectivité : alertes et rapports personnalisés via smartphone.
Quelles sont les limites des capteurs de qualité de l’air intérieur ?
Précision variable
- Les capteurs grand public ne rivalisent pas avec les équipements professionnels.
- Certains polluants (ex : formaldéhyde, NO₂) nécessitent des capteurs spécifiques souvent coûteux.
Calibrage et durée de vie
- Les capteurs à COV et particules perdent en précision au fil du temps (12–24 mois).
- Certains modèles ne permettent pas de recalibrage ou de remplacement des capteurs.
Mesure indicative
- Les mesures sont indicatives et non normatives. Elles ne se substituent pas à un diagnostic professionnel en cas de doute sanitaire.
Quels paramètres sont essentiels à mesurer ?
Pour un usage résidentiel, les paramètres prioritaires à mesurer sont :
- CO₂ : indicateur clé du besoin de ventilation.
- PM2.5 : particules fines les plus nocives à surveiller (fraction pénétrant au-delà des alvéoles pulmonaires).
- TVOC : pour identifier une pollution chimique globale.
- Température & humidité : pour le confort et la prévention des moisissures.
D’autres capteurs (formaldéhyde, NO₂, ozone) peuvent être envisagés selon le contexte (proximité routière, rénovation récente, cheminée, etc.).
Bien choisir son capteur : Quels sont les critères clés ?
- Fiabilité des capteurs
Privilégier les marques reconnues, disposant de tests de laboratoire ou certifications (TÜV, AQMD, etc.). - Connectivité et application mobile
- Interface intuitive, historique des données, seuils d’alerte configurables.
- Fonctionnalités d’analyse ou de conseils d’aération bienvenues.
- Maintenance et calibrage
- Vérifiez la durée de vie des capteurs (COV, PM2.5, CO₂).
- Préférez des modèles à capteurs remplaçables ou recalibrables.
- Polyvalence
Certains modèles mesurent jusqu’à 6 ou 7 paramètres, d’autres se concentrent sur un ou deux. Adaptez l’appareil à votre besoin (maison, ERP, bureau…). - Bruit et format
Les modèles avec ventilateur intégré peuvent générer du bruit. Vérifiez la discrétion sonore si le capteur doit rester en chambre.
Un outil d’aide à la décision, pas une fin en soi
Les capteurs électroniques sont de précieux outils de monitoring de la qualité de l’air intérieur, mais ils ne remplacent pas les bonnes pratiques : aérer régulièrement, choisir des matériaux sains, limiter les sources de pollution, et entretenir les systèmes de ventilation.
Ils permettent d’objectiver la pollution invisible et d’adopter des gestes concrets, en particulier dans des contextes sensibles comme les chambres d’enfants, les crèches, les écoles ou les logements mal ventilés.
Les capteurs électroniques de qualité de l’air intérieur offrent une surveillance accessible, pédagogique et utile dans une démarche de santé environnementale. Leur performance dépend de la qualité des capteurs, des paramètres choisis, et de l’entretien de l’appareil. Bien utilisés, ils deviennent de véritables outils de prévention et de sensibilisation, au service d’un air plus sain pour tous.
Crédit photo Francesca Tosolini sur Unsplash