Propiconazole : Un antifongique omniprésent dans nos logements pouvant impacter la santé
Le propiconazole, comme le tébuconazole, est un antifongique de synthèse appartenant à la famille des triazoles. Longtemps considéré comme inoffensif pour les humains, il est désormais classé parmi les substances préoccupantes pour la santé. Pourtant, des études montrent qu’il est présent dans 100 % des logements analysés, et en quantités significatives.

Qu’est-ce que le propiconazole ?
Le propiconazole est un fongicide triazole, de la même famille que le tébuconazole, utilisé principalement pour prévenir et traiter les développements fongiques sur :
- Les bois de construction (charpentes, poutres, parquets),
- Les matériaux de rénovation (enduits, peintures, vernis),
- Les cultures agricoles, notamment les céréales et les arbres fruitiers (usage phytopharmaceutique).
Sa capacité à inhiber la croissance des champignons l’a rendu indispensable dans de nombreux domaines industriels et agricoles. Mais cette efficacité va de pair avec une toxicité potentielle pour l’humain et l’environnement.
Un polluant omniprésent dans l’environnement intérieur
Les dernières campagnes de mesure révèlent que le propiconazole est :
- Présent dans 100 % des logements analysés,
- Avec des concentrations dans les poussières domestiques pouvant atteindre 6 000 ng/g.
Les principales sources de propiconazole sont :
- Le traitement du bois dans la construction ou les meubles,
- Les produits de bricolage (lasures, vernis, colles),
- L’importation passive via les vêtements ou chaussures après un contact avec des zones agricoles.
Une fois appliqué, le propiconazole peut se volatiliser partiellement, contaminant l’air intérieur, avant de se fixer sur les particules de poussières. Ce mécanisme explique sa détection systématique dans les habitats et sa persistance dans les logements.
Propiconazole: Quels risques pour la santé ?
Le propiconazole est classé par l’ECHA (Agence Européenne des Produits Chimiques) comme :
- Toxique pour la reproduction (catégorie 1B),
- Perturbateur endocrinien suspecté,
- Susceptible d’affecter le développement embryonnaire,
- Cancérigène suspecté selon plusieurs modèles animaux.
Quels sont les effets sanitaires associés :
- Altération hormonale, notamment sur les systèmes reproducteurs masculin et féminin,
- Effets neurodéveloppementaux chez le fœtus et l’enfant exposé in utero,
- Allergies et irritations respiratoires, liées à son caractère volatil et irritant,
- Toxicité hépatique et rénale à doses répétées chez l’animal.
Ainsi l’exposition des femmes enceintes peut induire des risques pour la santé de l’enfant à naître. Par ailleurs, les jeunes enfants sont particulièrement vulnérables, du fait de leur proximité avec les sols, de leur respiration rapide, et de leur comportement main-bouche.
Une exposition chronique préoccupante au propiconazole
Comme pour d’autres triazoles, le propiconazole persiste plusieurs années dans les matériaux traités. Sa libération lente dans l’environnement intérieur crée une exposition chronique continue, même en l’absence d’utilisation récente.
Ce polluant est d’autant plus problématique qu’il est invisible, inodore, et largement méconnu du grand public. Pourtant, il s’inscrit parmi les substances les plus préoccupantes de l’habitat moderne.
Comment réduire l’exposition au propiconazole ?
Hygiène et entretien
- Nettoyage fréquent des sols avec une aspiration HEPA, pour capter les poussières contaminées,
- Lavage avec un chiffon humide régulier dans les chambres d’enfants pour éviter la remise en suspension dans l’air des poussières.
Ventilation
- Aération quotidienne, même courte, pour évacuer les polluants gazeux et les particules de poussière contaminées,
- Maintenance et vérification des systèmes de ventilation mécanique (VMC).
Vigilance lors des travaux
- Éviter l’achat ou la réutilisation de bois ancien traité sans identification du traitement utilisé,
- Choisir des produits sans triazoles ou portant un écolabel,
- Porter des équipements de protection (gants, masque, lunettes) lors du ponçage ou de la rénovation de surfaces traitées.
Traitement de l’air intérieur
L’utilisation de purificateurs d’air avec filtres HEPA et des filtres charbon actif pour capturer les particules et adsorber les composés organiques semi-volatils. Attention à changer régulièrement les filtres pour maintenir une efficacité optimale du dispositif de purification de l’air intérieur.
Qu’en est-il de la réglementation ?
Le propiconazole est toujours autorisé dans certains usages en Europe, malgré des restrictions croissantes. Il est en voie d’être classé parmi les substances extrêmement préoccupantes (SVHC) dans le cadre de la réglementation REACH.
Il ne fait pas encore l’objet de valeurs guides spécifiques dans l’air intérieur, bien qu’il fasse partie des substances suivies de près par les autorités sanitaires, en raison de sa prévalence et de son profil toxique.
En conclusions, le propiconazole, utilisé depuis des décennies comme antifongique dans le bâtiment et l’agriculture, est aujourd’hui présent dans tous les logements français. Sa toxicité pour la reproduction et son potentiel perturbateur endocrinien en font un polluant de l’air intérieur à ne pas négliger.
En attendant une réglementation plus stricte, chacun peut agir pour limiter son exposition : aération, nettoyage ciblé, prudence lors des travaux, et traitement de l’air intérieur.
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