Identifier et éliminer les perturbateurs endocriniens dans l’air intérieur
L’air que nous respirons à l’intérieur de nos logements peut sembler propre et inoffensif. Pourtant, il abrite une catégorie de polluants insidieux, invisibles et pourtant omniprésents : les perturbateurs endocriniens (PE). Ces substances chimiques sont capables d’interférer avec notre système hormonal à de très faibles doses, provoquant des effets délétères sur la santé, en particulier chez les enfants, les femmes enceintes et les personnes vulnérables.

Qu’est-ce qu’un perturbateur endocrinien ?
Un perturbateur endocrinien est une substance chimique (naturelle ou de synthèse) qui peut interférer avec le fonctionnement du système hormonal (endocrinien). Ces perturbations peuvent survenir même à de très faibles doses, surtout lors des périodes critiques du développement comme la grossesse ou la petite enfance.
Les effets potentiels sont nombreux :
- Troubles du développement du système reproducteur,
- Altérations de la fertilité,
- Effets métaboliques (diabète, obésité),
- Cancers hormono-dépendants (sein, prostate),
- Troubles cognitifs et comportementaux.
Selon l’OMS, il existe des fenêtres de vulnérabilité pendant lesquelles l’exposition à ces substances a des conséquences irréversibles, même en l’absence de symptômes immédiats. Il s’agit principalement de la période de la grossesse pendant laquelle le fœtus et l’embryon sont impactés à travers l’exposition de la mère, des deux premières années de vie de l’enfant et de la puberté.
Une classification bien établie
La base de données DEDuCT recense plus de 1 500 perturbateurs endocriniens suspectés. Ils sont classés selon le niveau de preuve scientifique de leurs effets endocriniens :
- Confirmés : effets reproductibles sur le système hormonal.
- Probables : effets rapportés mais manquant de confirmation robuste.
- Suspectés : peu de données mais préoccupants.
Les perturbateurs endocriniens dans l’air intérieur
Contrairement à l’idée reçue, on estime que l’air intérieur est 5 à 10 fois plus pollué que l’air extérieur, et les PE y sont largement représentés, notamment dans les poussières domestiques, les revêtements, les meubles, les produits d’entretien et même certains cosmétiques.
Quels sont les principaux perturbateurs endocriniens de l’air intérieur ?
Le tableau suivant présente les perturbateurs endocriniens les plus courants dans l’air intérieur des logements.
Nom | Origine dans le logement | Effets sanitaires |
---|---|---|
Phtalates (DEHP, DBP) | Sols en PVC, plastiques, colles | Altération hormonale, fertilité |
Bisphénol A (BPA) | Résines, peintures | Métabolisme, développement cérébral |
PBDE (retardateurs de flamme) | Meubles, mousses, textiles | Neurotoxicité, effets sur la thyroïde |
Parabènes | Aérosols, cosmétiques | Effet œstrogénique |
PFAS (PFOA, PFOS) | Textiles anti-taches, moquettes | Immunité, perturbations hormonales |
Pourquoi faut-il agir ?
L’impact des perturbateurs endocriniens peut se manifester plusieurs années après l’exposition, notamment lors de l’exposition in-utero pendant la grossesse. Les jeunes enfants sont également particulièrement exposés, car ils passent beaucoup de temps au sol, portent les mains à la bouche et ont un métabolisme plus rapide.
Les effets chroniques des PE se développent sur le long terme et augmentent le risque de maladies non transmissibles, ce qui représente un coût socio-économique important. En France, la mauvaise qualité de l’air intérieur est estimée à plus de 20 milliards d’euros par an (ANSES, 2014). Dans cette estimation, l’impact des PE n’est pas pris en compte mais il est estimé à plus de 160 milliards d’euros par an au sein de l’Union Européenne.
Quelles solutions pour limiter son exposition aux perturbateurs endocriniens ?
Heureusement, il est possible de réduire efficacement son exposition aux perturbateurs endocriniens, en combinant changements de comportements et technologies de traitement de l’air.
Réduire les sources de pollution
- Éviter les produits parfumés (désodorisants, sprays, bougies).
- Choisir des meubles sans traitements ignifuges ou anti-taches.
- Privilégier les matériaux naturels et non plastifiés (bois brut, coton bio).
- Utiliser des produits d’entretien certifiés sans PE.
Aérer régulièrement
- Ouvrir les fenêtres 10 à 15 min deux fois par jour permet de diluer les polluants et éviter leur accumulation, même en hiver ou en ville.
- Vérifier le bon fonctionnement de la ventilation mécanique (VMC) ou des ouvrants.
Entretenir son intérieur
- Passer régulièrement l’aspirateur avec un filtre HEPA pour retenir les poussières fines porteuses de PE.
- Nettoyer les surfaces avec des produits doux, sans composés toxiques.
Le rôle des purificateurs d’air pour se préserver des perturbateurs endocriniens
Même avec une bonne hygiène, il est très difficile d’éliminer totalement les perturbateurs endocriniens de son quotidien. Des résidus persistants de PE peuvent rester en suspension ou se redéposer. C’est pourquoi un traitement actif de l’air peut être bénéfique.
La technologie HEPA
- Haute Efficacité pour les Particules Aériennes.
- Capture les allergènes, les spores de moisissures, les particules fines qui peuvent être chargées en perturbateurs endocriniens comme les phtalates et les pesticides.
- Efficace à 99,97 % pour les particules ≥ 0,3 µm (HEPA H13).
Le charbon actif
- Adsorbe les composés organiques volatils (COV), y compris les parfums, les COV des plastiques, les pesticides volatils.
- Complémentaire du HEPA pour une protection contre les gaz et vapeurs toxiques.
Attention : un purificateur ne remplace pas l’aération ni l’élimination des sources, mais il constitue un outil complémentaire pertinent dans les logements très exposés ou mal ventilés.
Les perturbateurs endocriniens sont omniprésents dans l’air intérieur et représentent un véritable défi sanitaire. Leur invisibilité et leur action à très faibles doses rendent la prévention d’autant plus cruciale.
Adopter des gestes simples, combiner ventilation naturelle, entretien rigoureux, choix de matériaux sûrs et filtration de l’air avec des technologies HEPA et charbon actif permet de réduire significativement son exposition aux perturbateurs endocriniens.
Sources: Première étude en France sur l’estimation du coût de la pollution de l’air intérieur | Anses – Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, Perturbateurs endocriniens: le coût de l’inaction | CNRS Le journal
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