Climatisation et qualité de l’air intérieur : confort thermique ne rime pas toujours avec air sain

Avec l’arrivée des fortes chaleurs estivales, les systèmes de climatisation deviennent les meilleurs alliés de nombreux foyers, bureaux, établissements scolaires ou de santé. Si ces équipements permettent de préserver un confort thermique indispensable, leur usage n’est pas sans impact sur la qualité de l’air intérieur – un enjeu crucial pour notre santé, souvent sous-estimé.

climatisation et air intérieur

Alors que la climatisation continue de se développer dans les bâtiments tertiaires et les logements, il est essentiel de comprendre comment elle fonctionne, quels sont ses effets sur la qualité de l’air que nous respirons, et pourquoi un bon entretien est indispensable.

Quel est le principe de fonctionnement d’une climatisation ?

Un système de climatisation fonctionne sur le principe d’un cycle thermodynamique inversé, similaire à celui d’un réfrigérateur. Il capte la chaleur de l’air intérieur pour la rejeter à l’extérieur via un fluide frigorigène. Le climatiseur refroidit donc l’air intérieur, mais – fait souvent ignoré – il ne le renouvelle pas.

Cela signifie qu’en période estivale, si les fenêtres restent fermées pour conserver la fraîcheur, l’air intérieur est recyclé en boucle, sans apport d’air neuf. Ce confinement favorise l’accumulation de polluants issus des occupants, des matériaux (formaldéhyde) ou des activités domestiques (cuisiner, nettoyer, utiliser des bougies ou de l’encens…).

À l’inverse, ouvrir les fenêtres pour renouveler l’air fait entrer la chaleur extérieure… d’où un dilemme fréquent entre qualité de l’air et confort thermique.

Une climatisation mal entretenue : des conséquences multiples

Si le fonctionnement en boucle fermée pose un problème en soi, une climatisation mal entretenue peut aggraver la situation, tant d’un point de vue énergétique que sanitaire.

Sur le plan énergétique

Un filtre encrassé ou un échangeur poussiéreux réduit l’efficacité du système. Résultat : la machine doit travailler plus longtemps pour un même résultat, ce qui engendre :

  • Une surconsommation électrique,
  • Une usure prématurée de l’appareil,
  • Une augmentation de la facture énergétique.

Selon l’ADEME, une climatisation mal entretenue peut consommer jusqu’à 30 % d’énergie en plus.

Sur le plan sanitaire

La stagnation d’eau dans le bac de condensation, les filtres non nettoyés ou les gaines mal entretenues deviennent des nids à moisissures, bactéries et poussières. Or, ces contaminants sont ensuite diffusés dans l’air intérieur, entraînant :

  • Des irritations respiratoires,
  • Une aggravation des allergies ou de l’asthme,
  • Des risques d’infections liées aux moisissures comme l’aspergillose.

Le système de climatisation, censé améliorer notre confort, peut ainsi devenir un vecteur de pollution de l’air intérieur, avec des conséquences directes sur la santé des occupants.

Le bon réflexe : entretenir sa climatisation et combiner les approches

Pour profiter pleinement des bienfaits de la climatisation sans nuire à la qualité de l’air intérieur, quelques mesures simples sont à adopter :

Entretien régulier du système de climatisation

  • Nettoyage ou remplacement des filtres tous les 1 à 3 mois selon l’usage,
  • Vidange et désinfection du bac à condensats,
  • Vérification annuelle par un professionnel (étanchéité, charge de fluide, performance…),
  • Nettoyage éventuel des conduits pour les systèmes centralisés.

Un climatiseur mal entretenu va non seulement nuire à la qualité de l’air intérieur mais la surconsommation d’énergie va souvent couter plus cher que le prix de la maintenance.

Ventilation régulière

  • Ouvrir les fenêtres aux heures les plus fraîches (tôt le matin, tard le soir) pour renouveler l’air intérieur,
  • Coupler climatisation et ventilation mécanique contrôlée (VMC) pour un meilleur équilibre.

Surveillance de la qualité de l’air

Utiliser des capteurs de CO₂, de particules fines ou de COV permet d’adapter les comportements : ouverture des fenêtres, réduction des sources de pollution, ajustement de la climatisation.

Fraîcheur ne doit pas rimer avec pollution

En été, le confort thermique ne doit pas faire oublier l’importance d’un air intérieur sain. Respirer un air filtré mais confiné, mal renouvelé et pollué est un piège invisible pour notre santé.

La climatisation, bien utilisée et bien entretenue, peut contribuer au bien-être sans compromis. Cela implique une vigilance sur la maintenance, une meilleure information des occupants, et une approche complémentaire avec la ventilation et la purification de l’air, en particulier dans les environnements sensibles (crèches, écoles, établissements de santé).

Crédit photo Tim Mossholder sur Unsplash