Polluants organiques persistants (POP) : sources, effets sur la santé et pollution de l’air intérieur
Les logements modernes, loin d’être à l’abri de la pollution, peuvent héberger des substances chimiques dangereuses, parfois héritées de traitements anciens, de matériaux de construction ou de produits du quotidien. Parmi elles, les polluants organiques persistants (POP) occupent une place particulière en raison de leur extrême stabilité, de leur capacité à s’accumuler dans les organismes vivants, et de leur toxicité élevée. Bien que la Convention de Stockholm s’efforce depuis 2001 de réduire leur présence à l’échelle mondiale, ils continuent à affecter la qualité de l’air intérieur et à menacer la santé publique.

Qu’est-ce qu’un Polluant Organique Persistant ou POP ? Une triple menace
Les polluants organiques persistants (POP) sont une catégorie de substances chimiques définie par trois propriétés fondamentales :
- Persistance : ils résistent à la dégradation chimique, biologique et photolytique, ce qui leur permet de rester dans l’environnement pendant des années, voire des décennies.
- Bioaccumulation : ils s’accumulent dans les tissus gras des organismes vivants, y compris chez l’être humain, augmentant leur concentration au fil du temps.
- Toxicité : même à faibles doses, ils sont associés à des effets graves sur la santé (perturbations endocriniennes, cancers, troubles du développement…).
Ces propriétés en font des substances particulièrement préoccupantes, à l’origine de leur inscription dans la Convention de Stockholm, traité international qui vise à interdire ou restreindre leur production, leur usage et leur libération dans l’environnement.
Exemples de POP et leur présence dans les logements
Même si leur usage est aujourd’hui restreint ou interdit, de nombreux POP persistent dans l’environnement intérieur des logements, hérités d’anciennes pratiques ou présents dans des matériaux encore en place.
Les insecticides organochlorés (ex. : DDT, lindane, chlordane)
- Utilisation : Traitements anti-parasitaires dans les maisons (termites, poux, cafards), applications agricoles.
- Présence actuelle : Poussières domestiques contaminées, sols ou bois traités, résidus dans les anciens bâtiments.
- Risques sanitaires : Perturbation hormonale, neurotoxicité, cancérogénicité probable selon l’IARC.
Les PCB (polychlorobiphényles)
- Utilisation : Additifs dans les peintures, mastics, isolants électriques, condensateurs, et fluides caloporteurs.
- Présence actuelle : Vieilles peintures, équipements électriques, poussières et sédiments.
- Risques sanitaires : Cancérogènes probables, perturbateurs endocriniens, effets immunotoxiques et neurodéveloppementaux.
Les PBDE (polybromodiphényléthers) – retardateurs de flamme bromés
- Utilisation : Présents dans les mousses de canapés, textiles, plastiques de téléviseurs, ordinateurs, matelas.
- Présence actuelle : Poussières domestiques, vieux meubles ou appareils électroniques.
- Risques sanitaires : Neurotoxicité chez l’enfant, troubles du comportement, altérations hormonales (thyroïde).
Les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) – aussi appelées « polluants éternels »
- Utilisation : Revêtements antiadhésifs (poêles, textiles imperméables, moquettes antitaches), mousses anti-incendie.
- Présence actuelle : Air intérieur, poussières, textiles d’ameublement, revêtements muraux ou de sol.
- Risques sanitaires : Altérations immunitaires, dysfonctionnements thyroïdiens, troubles de la fertilité, certains cancers (rein, testicule).
Comment les Polluants Organiques Persistants polluent l’environnement intérieur ?
Les POP s’introduisent dans les logements de différentes manières :
- Émanations de matériaux de construction ou d’ameublement anciens (isolants, peintures, plastiques, bois traités).
- Remise en suspension des poussières contaminées lors du ménage ou de mouvements d’air.
- Absorption passive via l’inhalation, l’ingestion de poussières ou le contact cutané.
Leur volatilité ou leur adhésion aux particules fines favorise leur diffusion dans l’air intérieur. Ils peuvent rester présents durant plusieurs décennies si aucune intervention ciblée n’est mise en œuvre.
Quels sont les principaux effets sanitaires des Polluants Organiques Persistants ?
L’exposition chronique aux POP, même à faibles doses, est associée à de nombreux effets délétères pour la santé humaine. Les principaux impacts documentés sont :
- Effets neurotoxiques : en particulier chez les enfants, avec des retards cognitifs, troubles du comportement ou du développement.
- Perturbations endocriniennes : dérèglements hormonaux affectant la croissance, la reproduction ou le métabolisme.
- Risques cancérigènes : notamment pour certains PCB et PFAS classés cancérogènes probables ou possibles.
- Toxicité hépatique, immunitaire ou rénale, selon la substance et la durée d’exposition.
L’organisme humain ayant peu de capacité à éliminer ces substances, elles peuvent s’accumuler dans les tissus gras pendant des années.
Comment limiter l’exposition aux Polluants Organiques Persistants à la maison ?
Il est difficile de se prémunir totalement des POP, mais plusieurs mesures permettent de réduire significativement l’exposition :
- Identifier les sources potentielles (mobilier ancien, revêtements, matériaux de construction) lors de rénovations ou de diagnostics environnementaux.
- Ventiler régulièrement les pièces (aération naturelle ou ventilation mécanique contrôlée – VMC) pour limiter l’accumulation dans l’air.
- Utiliser des filtres HEPA + charbon actif dans les purificateurs d’air pour capturer particules fines et composés organiques semi-volatils (PBDE, PFAS).
- Éviter les achats de produits contenant des traitements anti-taches ou antiadhésifs (tapis, textiles, ustensiles).
- Limiter la poussière domestique par un ménage fréquent avec aspiration à filtre HEPA.
Les polluants organiques persistants représentent un risque sanitaire invisible mais bien réel dans nos environnements intérieurs. Malgré leur interdiction progressive par la Convention de Stockholm, leur présence continue dans les matériaux anciens, les poussières et certains produits de consommation les rend incontournables dans la gestion de la qualité de l’air intérieur. Pour protéger durablement la santé des occupants, il est essentiel de détecter, limiter les sources et adopter de bonnes pratiques de purification et d’entretien.
Crédit photo Free Nomad sur Unsphash